Ma conversion

Publié le par Elisa



J'ai reçu le catholicisme en cadeau dès mon berceau... J'ai tout fait comme il fallait par tradition, pour avoir des cadeaux... mais j'étais déjà athée lors de mon "initiation chrétienne"... Je n'ai aucun souvenir de mon catéchisme. C'est sûrement mieux ainsi. J'ai longtemps été une bouffeuse de curés. J'imaginais que le Dieu des croyants devait être un bouffon à la barbe blanche qui tirait les ficelles de nos vies, tel un marionnettiste. Physiquement, il devait ressembler au Père Noël, si ce n'est qu'il devait être habillé en blanc: le Père Noël c'était pour les enfants, alors que Dieu c'était pour les adultes... L'un en rouge, l'autre en blanc, pour ne pas les confrondre (tu parles)... J'avais donc une image, certes ridicule, mais une image quand même du Dieu des croyants... et j'aimais me moquer d'eux, tant croire en ce dieu me paraissait stupide. Dans ce contexte, les curés étaient des gourous qui profitaient des simples gens en leur faisant miroiter monts et merveilles... alors que les vrais réponses ne pouvaient venir que de la science.

Tout allait bien dans ma vie... jusqu'à ce qu'une tuile me tombe dessus alors que j'allais sur mes 25 ans. J'ai perdu un être très proche d'un cancer fulgurant. Il était catholique non pratiquant mais sa foi était un sujet tabou entre nous... Aujourd'hui, je regrette de ne pas avoir connu sa foi. Toujours est-il que j'ai vécu sa mort dans une immense solitude car
les bonnes moeurs m'interdisaient d'être affectée par ce décès. Par respect pour sa mémoire, je n'ai donc rien laissé transparaître de ma souffrance et j'ai continué à vivre dans la joie et l'allégresse... pendant qu'intérieurement, je descendais aux enfers, assomée de chagrin et dégoûtée de la vie. Une double vie, quoi... Les pensées suicidaires rôdaient...

C'est dans cette obscurité que j'ai rencontré Dieu, le vrai Dieu... pas le cousin du Père Noël,  non pas lui... En fait, j'ai surtout rencontré une présence réelle et silencieuse qui semblait être la sérénité en personne. Elle était là, clairement à l'extérieure à moi. Même si je ne la voyais pas avec mes yeux, je pouvais dire exactement où elle se trouvait. Au début, je n'ai pas trop fait attention à elle: j'étais tellement submergé par mon chagrin que je ne voyais rien d'autre. Le Christ ressuscité était là, Il se manifestait à moi, d'une certaine façon, mais je ne le savais pas et surtout je n'en avais rien à foutre. D'ailleurs, après quelques semaines, Il a bien compris qu'Il venait trop tôt et Il est reparti...

Après le deuil, j'ai progressivement retrouvé une certaine paix intérieure, accompagnée d'une profonde joie de vivre. Je me suis alors rappelée de cette présence qui était venue à mes côtés un an auparavant et que j'avais tout bonnement ignorée. Je me suis rendue compte que cette présence qui était à l'époque à l'extérieur de moi vivait désormais à l'intérieur. Sans que je ne m'aperçoive de rien, elle s'était immiscée en moi.

Il s'agit d'une présence
aimante et sereine, source d'une joie profonde et sereine d'être vivante, mais aussi d'une manière plus profonde de voir le monde et mon prochain. Mais pas une seule seconde je n'ai pensé que cette présence, cette petite flamme intérieure pouvait être le Dieu des croyants. En fait, pas une seule seconde, je n'ai pensé à Dieu, tout court... J'étais une athée qui se respectait, une athée qui ne pensait pas à Dieu...

Bref, je L'ai rencontré mais je ne L'ai pas reconnu car Il ne correspondait pas à l'image que je me faisais du Dieu des croyants... Durant plusieurs mois, j'ai été un disciple sur le chemin d'Emmaüs: j'ai fait un bout de chemin avec cette présence, sans jamais la nommer et sans m'apercevoir que je ne la nommais pas... jusqu'au jour où ça m'est tombé dessus. Ca a été horrible. Je ne sais plus comment cette idée saugrenue m'est passée par la tête, mais un jour je me suis dite: "et si cette présence, c'était le Dieu des croyants?" Horreur, malheur... J'ai tenté à tout prix de chasser cette idée de mon esprit: après 25 ans d'athéisme militant, difficile de déposer les armes... Il m'a fallu plusieurs mois pour parvenir à dire: "je crois en Dieu". Mais le Dieu auquel je commençais à croire et auquel je crois aujourd'hui, ce n'est pas le dieu auquel je ne croyais pas quand j'étais athée. Je suis donc restée l'athée que j'étais, en quelque sorte: ma conversion n'a rien à voir avec un changement d'avis. J'ai juste découvert autre chose qui venait en plus et non à la place d'autre chose, comme une dimension supplémentaire qui englobe et surplombe toutes les autres.
 
J'ai été déiste (ou plutôt théiste) pendant sept années [avec du recul je ne vois plus de grande différence entre le déisme et l'athéisme]... Finalement, je voulais bien croire qu'Il existait ce fameux Dieu... mais le pape, sa copine Marie et leur garde rapprochée de curés, alors là non, il ne fallait pas exagérer: il était hors de question de sombrer si bas.

Un homme a cependant beaucoup influencé mon "retour" à l'Eglise. J'ai eu pendant deux ans un petit ami catholique. Il n'était pas pratiquant... Disons qu'il pratiquait sur le terrain: il était syndicaliste et défendait les opprimés, à grands coups d'Evangile. J'ai été très impressionnée: qu'est-ce qui le motivait à agir ainsi envers ceux que personne ne voyait? Il était aussi un grand admirateur des jésuites. Il a suscité en moi le désir de reconnaître le Christ dans mon prochain. En fait, il m'a montré que la foi chrétienne est fondée non pas sur un personnage historique mort il y a 2000 ans, mais sur le Christ vivant aujourd'hui. J'ai alors commencé à m'intéresser à la foi catholique, au travers de livres et de cours, mais je continuais à dire: "moi, catho, jamais de la vie". Mon ami me répondait: "sois patiente".

Après deux ans, notre relation était devenue difficile et nous avons décidé de rompre... Ca s'est passé peu après que j'aie commencé à me rendre quotidiennement à l'Eucharistie. Même si notre rupture et mon "retour" à l'Eucharistie ont été deux événements totalement indépendants, leur coïncidence me donne l'impression que cet ami m'a accompagnée jusqu'au parvis, puis qu'il s'est retiré pour me laisser entrer seule. Avec du recul, je pense qu'il ne pouvait en être qu'ainsi: il est des expériences spirituelles qui nécessitent une certaine disponibilité, un dépouillement.


C'est donc seule que j'ai poussé la porte de l'Eglise, il y a un peu plus de deux ans. A
u fond de moi, j'étais attirée par l'Eucharistie. Je ne sais pas pourquoi. Je ne comprenais pas ce qui s'y passait. Mon intellect me disait que c'était du folklore, mais j'y allais quand même... et tous les jours. C'était plus fort que moi. Au fil des mois, j'ai senti que je changeais au fond de moi et j'étais de plus en plus attirée par l'Eucharistie... Aujourd'hui, je ne suis pas certaine de comprendre tout ce qui se joue durant la Sainte Eucharistie, mais peut-on comprendre? Quoi qu'il en soit, j'essaie d'y aller tous les jours... et quand je suis dans l'impossibilité d'y aller un jour, il me manque quelque chose: j'ai l'impression que ma journée a été perdue...

Ma foi est finalement devenue catholique, même si elle reste personnelle et dépouillée... D'une part, l'Eglise en soi reste un sujet délicat pour moi: dans ma tête, je n'ai pas l'impression de l'avoir intégrée et l'image idéalisée que j'en ai induit régulièrement de violents retours à la réalité. D'autre part, j
e n'ai toujours pas d'affinités avec Marie... même si une merveilleuse grâce reçue ce 15 août, en sa fête de l'Assomption, est venue dénouer un de mes noeuds qui freinait mon cheminement dans l'Eglise depuis plusieurs mois. Cette joie inattendue et non demandée devrait remettre ma foi en marche et en confiance dans l'Eglise, tout en semant le trouble sur mes certitudes anti-mariales. Affaire à suivre...


Dernière mise à jour: 10 octobre 2008

Publié dans Chemin de conversion

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V
Bonjour, mademoiselle Elisa, Nous nous connaissons pas et pourtons nous partageons déjà. Comme vous le Christ est entré dans ma vie d'une façon quelque peu inattendue. Je vous poste ce petit commentaire pour vous souhaiter du courage avant tout car le chemin de la foi est long et sinueux. " Dans le monde vous aurez à souffrir. Mais ne craignez rien car j'ai vaincu le monde " Persistez dans votre démarche. <br /> Amicalement <br /> <br /> Virginie
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A
Très chère Elisa,<br /> Quand nous t'avons connu, nous étions bien loin de penser à tous les problèmes que tu as rencontrés et des difficultés que tu as du surmonter. J'en reste profondément ému à la lecture de ton témoignage. Il y a longtemps que je devais aller au lit, mais je ne pouvais pas te quitter sans t'écouter jusqu'au bout. Maintenant je comprends mieux ton attitude lors de nos premières rencontres et je suis encore plus persuadé que tu réussiras magnifiquement bien dans ta prochaine mission à Rome. Tes accompagnants auront une occasion fantastique de faire ce pelérinage avec toi et d'en retirer une richesse réelle provenant d'une foie bien vivante et entousiaste. J'espère vraiment que nous pourrons avoir ensemble des moments de rencontre et de partage.<br /> En tout cas, garde bien confiance en tes capacités et bon courage pour la préparation,<br /> à bientôt, très amicalement,<br /> André
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F
<br /> Merci pour ce très beau commentaire, André. Les difficultés à surmonter sur un chemin de conversion, je pense que nous nous les construisons nous-mêmes au préalable. La conversion consiste en une<br /> déconstruction d'un édifice qui peut s'avérer très solide. Et elle n'est jamais terminée... A bientôt.<br /> <br /> <br />
S
Melle;<br /> Je suis également un jeune convertit; je lis votre récit de "conversion" avec émotion.<br /> je comprends aussi votre appréhension vis à vis de la sainte vierge. Je pense que cela est naturel au début.<br /> Je me suis également lancé dans l'élaboration d'un blog en octobre dernier.<br /> Si vous avez le temps de jeté un coup d'oeil.<br /> <br /> http://catholiquedetraditionaangers.over-blog.com/<br /> <br /> Je serais heureux de reccueillir votre avis.<br /> A bientôt!
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F
<br /> Merci pour votre visite. Je vous rassure: mon appréhension vis-à-vis de Marie est en train de s'estomper depuis quelques mois, même si je ne sais pas encore très bien comment intégrer à ma foi ce<br /> qu'elle me fait découvrir par grâces. Je vais aller visiter votre blog. Au plaisir de vous lire.<br /> <br /> <br />